La vie ou la mort

Publié le par Merhand Claire

Les angoisses d'une mère ou devrai-je dire d'une future mère pour son enfant commencent juste après le verdict: "vous allez donner la vie".

Donner la vie, oui, si rien ne vient se mettre en travers de son chemin, votre petit bonhomme va pointer le bout de son nez et commencer sa vie. Une vie pleine de pièges, de dangers imprévisibles et d'une longévité incertaine. Vivre pour mourir, c'est ce que nous faisons tous. Nous avançons dans la vie tout en sachant que la mort vient à notre rencontre. Ce qui nous inquiète et provoque nos angoisses, c'est que nous ne savons pas quand se fera la jonction.

Il en est de même pour la vie que nous portons dans notre ventre. Nous nous demandons jusqu'où ira son chemin. Cela commence dans les trois premiers mois de grossesse avec les risques d'une fausse couche. Pour celle qui en ont déjà fait et qui débute une deuxième grossesse, vous y penserez pratiquement à chaque instant jusqu'à la fin du troisième mois. Pour les autres, profitez de vos premiers mois sans trop vous inquiéter. Il faut savoir que le stress et les angoisses ne sont pas bons pour votre bébé et ce tout au long de votre grossesse. Il faut apprendre à canaliser vos peurs et à les mettre de côté.

Je suis quelqu'un de très angoissé mais je montre à l'extérieur une personne plutôt zen. C'est parce que la plupart du temps, j'arrive à faire taire mes angoisses. Je pense qu'il ne sert à rien de s'inquiéter pour quelque chose que l'on ne peut pas contrôler. Cela ne m'empêche pas de céder à la panique certaine fois. Principalement quand je suis seule et fatiguée. Dans ces moments-là, je laisse mon esprit s'égarer et je pense alors à tout ce qui pourrait arriver aux personnes que j'aime. Je prie alors pour qu'ils soient à l'abri des accidents de la vie.

Pendant ma grossesse, j'ai craint tout d'abord pour une fausse couche, en raison de celle que j'avais faite 4 ans plus tôt. Les trois mois passés, j'ai eu peur d'un problème médical qui nécessiterait une interruption médicale de grossesse. Parallèlement, je me suis interrogée sur mes réactions si mon bébé souffrait d'une malformation physique ou mentale. Et puis bien sûr, il y a l'accouchement avec tous les risques que çà entraîne. L'angoisse à l'idée que mon petit miracle soit mort à la naissance. Tous ces mois à l'espérer pour affronter cette épreuve. Je ne sais pas comment les parents qui vivent cette expérience peuvent survivre.

Heureusement pour moi, Nora est née en pleine santé.

Alors  a commencé pour moi, une autre angoisse: la mort subite du nourrisson. Etrange maladie qu'on ne peut expliquer et qui n'est pas prévisible. Malgré toutes les études faites à ce sujet, la médecine est incapable de savoir ce qui peut provoquer cette catastrophe. Ils ont pu cependant définir une population à risque sans pour autant exclure les autres. D'après leurs recherches, les petits garçons de moins de quatre mois seraient les plus touchés. Mais le risque persiste jusqu'à deux ans. Par ailleurs, depuis que l'on couche nos bébés sur le ventre, le nombre de mort subite du nourrisson a sensiblement diminué mais n'est pas encore nul.

Mon mari et moi avions beau savoir que cela ne sert à rien, nous allions vérifier régulièrement si Nora respirait toujours. Et cela a duré un petit moment. Encore maintenant, il m'arrive d'avoir besoin de m'assurer que mon bébé va bien pour pouvoir m'endormir.

Aujourd'hui, Nora marche à quatre pattes et se met debout toute seule. Bientôt, elle marchera. Je ne peux m'empêcher d'avoir peur pour elle. Le danger augmente avec l'âge. Je sais bien que ses défenses augmentent également avec l'âge mais je ne peux refouler entièrement mes angoisses. C'est ce qui me rend vigilente.

Quand je regarde ma fille embrasser la vie avec temps de fougue, je prie pour que son chemin soit aussi long que possible. Elle a une telle soif d'apprendre que ce serait douloureux de voir toutes ses possibilités s'envoler en fumée. J'appartiens désormais à un monde remplie de périls en tout genre pour mon enfant qui ne sait pas encore se protéger. Je suis entrée dans l'univers de toutes les mères qui s'angoissent pour leur bébé. De ce fait, je fonde l'espoir que le chemin de Nora soit pavé de bonheurs en tout genre et bordé uniquement de quelques peines minimums. Je le souhaite enrichissant et surtout séculaire.

Publié dans maman-au-secours

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